Les postes au rugby amateur : LE NUMÉRO 18 - REMPLAÇANT AVANTS
- jefdufour
- 28 mars
- 3 min de lecture

Quand tu joues 18, tu es le troisième remplaçant pour les Avants, et normalement, tu as aussi le tampon première ligne.
Tu arrives au match confiant, et content. Parce que t’as discuté avec le Coach au dernier entrainement ; et il t’a assuré que tu rentrerais vers la 50ème minute en troisième ligne. Surement en 8. Tu vas enfin faire aboutir ton projet depuis que tu as intégré le club : tu vas pouvoir faire des départs, briller, et t’imposer comme 8 titulaire dans le prochain 15 de départ.
Et à la 20ème minute le Coach te saisit frénétiquement par le bras et te dit que le talonneur est pas dedans, tu vas rentrer en 2.
- Hein ? Quoi ?? Mais j’ai jamais joué en … - Ta gueule !! C’est pas le moment de me gonfler !!!
Il est tellement stressé et il a tellement l’air prêt à exploser que tu te dis qu’il vaut mieux que tu rentres sur le terrain, ça sera moins dangereux.
Comme tu rentres sur une mêlée, la tête coincée entre celles de ton vis-à-vis et du pilier droit adverse (putain, mais c’est quoi ce poste de merde ?!) tu comprends vite que pour les départs ça va être compliqué. Tu te fais tordre comme un roseau sur la mêlée mais tu ne romps point. Quand tu te relèves tes piliers te jettent un regard moitié apitoyé moitié complice et te donnent une petite tape sur le short. Genre bienvenue dans ta nouvelle famille …
Tu te dis que tu vas vite sortir de ce cauchemar et te rattraper sur le jeu ouvert, et tu essayes de prendre le large. Mais à chaque fois tes piliers te rappellent en gueulant « Cellule ! Cellule !! » et tu te retrouves obligé de les pousser au cul quand ils vont percuter leur vis-à-vis pour avancer de 50 centimètres. T’as effectivement vraiment l’impression d’être en cellule …
A un moment du match un ballon sort d’un ruck où t’étais pas. Ça y est, c’est l’occasion !! Tu le ramasses et tu t’apprêtes à te lancer dans une course tranchante. Et là t’entends gueuler « Cellule !!! » juste derrière toi. Avant que tu aies réalisé quoi que ce soit tes deux piliers t’attrapent au short, te décollent les pieds du sol, et se servent de toi comme d’un bélier pour aller rentrer dans l’énorme 3 adverse que tu voulais contourner.
Le cauchemar dure 60 minutes. Quand arrive le coup de sifflet final t’es en morceaux mais tu te dis que, au moins, t’as montré que t’étais prêt à te sacrifier ; le Coach va se sentir obligé de te mettre en troisième ligne pour te récompenser au prochain match.
Et là le Coach arrive justement ; et il te dit avec un petit sourire satanique et satisfait que tu t’es pas si mal démerdé pour une première fois : on a trouvé notre talonneur remplaçant !
Et après tout ça, quand t’es numéro dix-huit tu as toujours, un jour, un mec au Club House qui dit que quand tu joues 18 t’as de la chance, t’es la diva des remplaçants Avants, tu peux rentrer où tu veux.
Et là tu te dis que c’est quand même pas facile d’être le numéro 18.
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